poésie la différence de jean pierre siméon
JeanPierre Siméon. Jean-Pierre Siméon – Ceci est un poème qui guérit les poissons; Laurent Corvaisier; PEF; Année 2012-2013. Intervention générale de Max Butlen le 21 novembre 2012. La notion d’auteur; La coopération enseignants-bibliothécaires; Quelles suites ? Présentation par Catherine Fournié consacrée à Claude Ponti et à
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Unpoète, Jean-Pierre Siméon SCEREN Seuil 2003 Un livre sous forme de lettre à un correspondant intimidé par la poésie afin de lui donner des cléfs pour l’apprivoiser. Une sorte d’ouvre – boîte pour pouvoir dire : « La poésie, pas peur.
Pourle stage "Poésie en bibliothèque", nous avons eu le privilège de rencontrer le poète Jean-Pierre Siméon qui nous a fait découvrir la Poésie et le monde poétique.
JeanPierre Siméon a commencé à écrire de la poésie il y a une trentaine d’années et il n’a plus jamais cessé. Mais loin d’être un auteur retiré de toute vie sociale il s’y est engagé pleinement : enseignant et formateur, directeur de collections, puis directeur du Printemps des Poètes, structure autour de laquelle il a su fédérer les talents. Son but : transmettre sa
nonton film young and beautiful sub indo. 1. Composée en Didot corps 12, cette édition de [ici le titre] a été tirée à deux mille exemplaires pour l’automne [ici le millésime] sur les presses de Cheyne éditeur, au Chambon-sur-Lignon, Haute-Loire.» L’inscription figure sur la dernière page des livres de la prestigieuse collection verte deux nouveautés publiées par an. Les ouvrages sont consultables et caressables dans la librairie l’Arbre vagabond, QG du festival Lectures sous l’arbre organisé par Cheyne. Papier vergé, jaquettes élégantes et finement grenues, et le poinçon du plomb sur les pages cousues. Ce même plomb qui, pieusement mêlé à de l’antimoine, servit à Gutenberg à imprimer la première édition latine de la Bible 1453. Un bel écrin, les livres de Cheyne, mais pour quel trésor? Pour quelle parole sacrée?La suite après la publicité Les écrivains sur scène un truc de beau gosse ? 2. Dans son Panorama de la poésie française aujourd’hui», évoqué dans une précédente tribune, Jean-Michel Espitallier s’en prend à ceux pour qui la poésie serait d'abord affaire de profondeurs, parole oraculaire … forant dans l'épaisseur encrée de l’ineffable.» 3. D’où parle Jean-Michel Espitallier? D’une esthétique joueuse et expérimentale, ennemie du lyrisme forcément boursouflé, adepte de la parodie et du détournement – certaine avec Valéry que le plus profond, c’est la peau». Et d’une nébuleuse de pouvoir éditorial qui rassemble les éditeurs Al Dante et et le cipM Centre international de poésie de Marseille. A travers notamment la publication de l’anthologie Pièces détachées» du même Espitallier, en 2011 chez Pocket, et de celle d’Yves di Manno et Isabelle Garron dite anthologie Flammarion» en 2017 choix beaucoup plus vastes, mais affinités électives avec la première, cette nébuleuse a encore renforcé sa visibilité, bien supérieure à son poids réel. Dix pour cent de la poésie en France», tranche Jean-Pierre Siméon, lyrique pas bégueule, fondateur du Printemps des poètes et membre du comité éditorial de Cheyne. "La poésie sauvera le monde" et puis quoi encore?La suite après la publicité 4. Espitallier la poésie ennemie ne peut se concevoir qu'en étroite association avec de beaux livres artisanaux. … Du coup, [elle] a fini par être parfois associée à un artisanat sympathique, comme la boulangerie d'art et les tourneurs sur bois. Belle ouvrage et artisan-poète, vaguement libertaire avec collé aux basques un peu de cette terre "qui ne ment pas".» Fichtre. 5. Cheyne n’est pas un éditeur de la ruralité, s’agace Jean-François Manier, son fondateur. Ce qui nous caractérise, c’est notre indépendance. Nous lisons, nous fabriquons, nous diffusons, nous distribuons. Nous avons une complète indépendance économique, à la différence de L’Olivier Le Seuil et de [capital détenu à 88% par Gallimard, NDLR].» 6. Oui, mais tout de même. Florilège de titres du catalogue du Cheyne Venant le jour», Malgré la neige», l’Epine et sa mésange», Une femme de ferme», le Bois de hêtres», Métairie des broussailles», le Livre des poules». Florilège Al Dante la Poésie motléculaire», Gang blues ecchymoses», Meurtre artistique munitions action explosion», Frères numains discours aux classes intermédiaires», Lecture de 5 faits d’actualité par un septuagénaire bien sonné». Ce n’est pas tout à fait le même son de cloche ou de balle dum-dum. 7. Je ne sais pas trop ce que je fais ici, s’amuse la romancière Marie-Hélène Lafon, invitée du festival. Mais oui, sans doute, il existe une littérature des pays et des paysages dans laquelle je m’inscris, comme Pierre Michon, Pierre Bergounioux ou Mario Rigoni.»La suite après la publicité Haute Poésie Bisounours et autres curiosités 8. De Cheyne on connaît l’histoire, ressassée d’article en article la découverte en 1977, par Jean-François Manier et sa compagne d’alors, d’une ancienne école isolée sortant de la brume cf. José Arcadio Buendía fondant Macondo, au sortir d’un rêve, au début de Cent ans de solitude», l’apprentissage de la typographie au plomb, le lancement en 1980, sans un sou, de la maison d’édition, le pari en 1992 d’un festival sur la base d’un concept porteur mettons un poète sous un arbre… L’histoire tend à devenir story-telling et détourner de l’essentiel les livres publiés. 9. Le haut pays» de Jacques Vandenschrink est celui des vents intransigeants» et du merle goulu», des martinets cisaillant le crépuscule» et des mésanges saoulées de se décrocher en plein vol dans chaque merisier». Chez Julie Delaloye, on vit à la lisière des brumes», on entend le chant porté par la vigne», on sent la fraîcheur fidèle de l’herbe», on voit la paupière rompue du chamois». Chez Jean-Yves Masson, souvenir des vols d’abeilles», odeur des blés parfaits», cerf au regard véhément». Ce n’est qu’un échantillon, mais s’il n’y a pas là une lignée d'héritiers de Char et de Jaccottet paysage méditerranéen – plus ou moins pentu – et métaphores en rafale…La suite après la publicité Philippe Jaccottet, le très haut 10. Crypto-pétainiste, la poésie des champs, comme l’insinue taquinement Jean-Michel Espitallier? A la salle des Arts de Saint-Agrève, pas très loin du Chambon-sur-Lignon, village collectivement élevé au rang de Juste par le mémorial de Yad-Vashem, Denis Lavant a lu rauque, athlétique deux très courts textes de résistance publiés par Cheyne. Matin brun » de Franck Pavloff 1998 est une fable grinçante et drôle sur l'ascension de l'extrême-droite en France deux millions d'exemplaires vendus, grâce à une sorte d'effet Hessel – Indignez-vous» – avant la lettre. Traverser l’autoroute», de Maxime Fleury 2017, c’est un enfant devant une glissière d’autoroute, un flot de voitures, et de l’autre côté, peut-être, son père, avec qui il essaye de communiquer en langue des signes. C’est le gamin qui raconte, il parle un peu comme le Momo de Romain Gary dans la Vie devant soi» – le genre tôt grandi. Au milieu des bidons, des palettes et des parpaings, dans son campement sans eau potable, il se sent comme ces gouttes de pluie sans destin C’est comme nous, on vient de loin et on s’écrase au bord de l’autoroute.» Sur scène, Edwy Plenel l’Edwy Plenel Mediapart est partenaire du festival ponctue, prolonge. Parle des réfugiés Quand quelqu’un coule, on le sauve.», cite Péguy Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée.». Se moque de lui-même Encore un prêche du père Plenel!»La suite après la publicité "Si Péguy me proposait un article pour Mediapart…" entretien avec Edwy Plenel 11. La soirée Neruda plombe un peu. Passons sur les juvéniles poèmes d’amour, dont la traduction réclamerait une langue semblable cristalline et facile à celle de cet autre poète élu des draps», Paul Éluard. Reste le Neruda politique, dessillé par la guerre d’Espagne, guéri de ses dérives gidiennes et rilkiennes», torrentiel et génial sans doute, mais stalinien sinon de cœur, du moins de style. Tu m’as fait l’adversaire du méchant, tu m’as fait mur contre le frénétique …/Tu m’as rendu indestructible car grâce à toi je ne finis plus avec moi.» A mon parti» 12. La figure du poète-phare fait rire aujourd’hui petits et grands. Mais sans doute faut-il prendre en compte les contextes historiques et locaux. J’ai grandi dans une culture où les politiques sont des poètes, où l’art oratoire est un art poétique, se souvient Edwy Plenel, qui a vécu à la Martinique jusqu’à l’âge de 10 ans. La poésie de Césaire, qui semble hermétique, complexe, est très concrète. Le matin il recevait à la mairie, à midi il partait avec son chauffeur et faisait le tour de l’île. Sa poésie est en partie nourrie de ces promenades.» 13. Nos élites hexagonales issues de l’X ou de ENA, poursuit Plenel, regardent ça avec dédain, comme si ce n’était qu’un supplément d’âme, une distraction. Leur monde est dépourvu d’imaginaire.» Il est temps de changer de sérieux», dit d’une autre façon Jean-Pierre-Siméon dans son essai la Poésie changera le monde», qui invite à dresser dans l’espace public la barricade du poème». Hmmmm. Dans son blog, l’écrivain Pierre Jourde se moque de cette doxa indéfiniment répétée depuis deux siècles, avec ses synonymes interchangeables, rébellion, insurrection, insoumission, qui trouve son apogée grotesque dans "l’Éloge des voleurs de feu" de Dominique de Villepin, le fameux marginal».La suite après la publicité L'insurrection institutionnelle, par Pierre Jourde 14. Dans son essai cependant, Siméon parle d’autre chose. D’une langue appauvrie par ses usages médiatiques et technocratiques, et d’un imaginaire devenu territoire occupé et soumis». J’en ai été témoin tant de fois la plupart de ceux qui … entendent un poème à eux offerts à l’improviste, remercient. J’ai eu le sentiment parfois qu’ils y retrouvaient une dignité et comme une fierté pour eux-mêmes.» Denis Lavant J’ai fait cinq lectures en Russie, entre Ekaterinburg et Rostov, devant un public qui considérait que la poésie avait une grande importance. En Colombie aussi, la poésie est dans la vie.» 15. Revenons au catalogue du Cheyne, qu’il serait injuste de réduire à quelques épigones d’une poésie altière qui fait sa mystérieuse. Je m’accroche à la nuit, qu’est-ce que ça veut dire?» Ito Naga est perplexe. La métaphore, ça n’est pas son truc. Lui est astrophysicien, il a d’autres motifs d’étonnement. On ne pense pas [que la lune] peut trembler au moment où on la regarde. Il y a des tremblements de lune comme il y a des tremblements de terre.» Mais l’astrophysique, dit-il, ça n’est pas ça qui permet d’être au monde. Il a placé en en-tête de son livre NGC 224» une citation de Rilke Être ici est une splendeur.» Par exemple à cet instant précis "Ah ! Tu es comme ça, toi ?", s’est étonnée cette enfant quand je suis ressorti de l’eau après un plongeon dans la piscine.» Ses petits vertiges», Ito Naga haut gentleman à l’œil bleu perché les doit aussi à sa longue fréquentation du Japon. Pour faire des raviolis, on dit en japonais qu’il faut pétrir la pâte jusqu’à ce qu’elle ait la consistance des lobes d’oreille mimi tabu. La poésie serait-elle simplement le goût des choses?» Glissements, rebondissement, dérivations avec un art consommé du montage, l’auteur coud ses fragments – bouts philosophiques, boutures de sensations, pépites philologiques, demi-blagues… Ses quatre livres sont également suite après la publicité Le long cri d'Aimé Césaire n'a pas fini de résonner 16. La métaphore, Jean-Claude Dubois ne l’aime guère non plus. Il revient de loin, du lyrisme ébouriffé du surréalisme. Et puis il a rencontré Guillevic des textes très courts, des distiques souvent, de 8 à 10 syllabes, sans images, sans clinquant, sans scintillement.» Rencontre avec une forme, mais aussi avec un alter ego solitaire, qui, enfant, communiquait avec un bol, une bouteille, une table, n’avait pas même un animal, a perçu la vie dans les pierres.» Son livre Le Canal» raconte une transaction secrète» la plus belle définition de la poésie, elle est de Jaccottet» entre un enfant et un canal. J’avais dix ou douze ans. Mon compagnon de jeu était un canal à grand gabarit. … J’écoutais le canal rendre la justice./ Quand il avait fini,/je rentrais chez moi./Il retournait dans son verre d’eau.» Dans le canal il y a des aïeux, une femme d’octobre mais on ne sait plus de quel jour … qui pose son village sur la table de nuit et s’endort.» Et puis ce canal fait de vinaigre/et d’ennuis», couleur de noyade» Cioran en exergue, il faut le quitter, s’en dépêtrer comme à regret, peut-être pour grandir. Le Canal» est tissé d’un charme douceâtre et brumeux, d’épiphanies discrètes, de désolations retenues. On songe parfois à un Christian Bobin sans Dieu. C’est dire si la voix de Jean-Claude Dubois est suite après la publicité Les bons sentiments de Christian Bobin font-ils de la bonne littérature? 17. Robert et Joséphine », de Christiane Veschambre, est un autre livre fondé sur le montage, qui évoque par séquences l’histoire des parents de l’auteure Joséphine arrive à la Jeune France», trouve une famille», va chercher son mari à la sortie de l’usine», repasse», n’a plus d’argent»… Cinéma troué de l’expérience intérieure», de l’émotion méditée» Bataille. Mais la langue est à l’opposé de l’écriture behavioriste du commun des scénarios. Il s’agit, pour l’écrivain, de faire taire en soi la belle langue» … pour qu’après le silence puisse surgir la langue des soubassements» selon Gérard Noiret sur l’excellent site En attendant Nadeau. Une basse langue», des mots pauvres» titres de deux autres recueils de Veschambre Quand Joséphine/est apparue//sur terre/personne//ne s’en est aperçu.» Chercher une basse langue pour camper les gens de peu» le sociologue Pierre Sansot, c’est en somme le contraire du projet d’un Pierre Michon. Christiane Veschambre se place du côté des microgrammes» de Robert Walser, d’Erri de Luca, d’Emily Dickinson. Les mains de Joséphine/au-dessus du drap replié/qui protège la table/et borde la page/que l’enfant tourne». Un critique ne devrait pas dire ça tout le livre est très suite après la publicité Que s'est-il passé dans la poésie française depuis un demi-siècle ? 18. Pas de tendance fracassante, de trending poetic; pas de post-liturgistes, pas de supra-spleenétiques; la poésie est devenue bien ennuyeuse. Ah si, tout de même le recueil» est à la baisse, le livre» à la hausse. Ce n’est sans doute pas juste une coquetterie de dénomination. Jean-Claude Dubois par exemple, au cours d’une causerie sur Guillevic, insistait sur la nécessité de travailler un thème jusqu’au cœur». Ito Naga et Christiane Veschambre ne diraient pas autre chose. Ce qui se joue? L’effacement relatif du livre de poésie pensé comme un florilège de flèches, d’épiphanies – loin des moments nuls» de la vie que Breton jugeait indigne de cristalliser». JB Corteggianiauteur et réalisateur
Chaque matin simplement reparlons-nous du bonheur comme chaque matin on remet ses chaussures C’est par ces mots que Jean-Pierre Siméon, fondateur du Printemps des Poètes, éditeur de poésie et poète lui-même a décidé d’ouvrir son recueil Politique de la Beauté, paru en 2016. Nous avons voulu rencontrer l’homme qui est également l’auteur, dans un proche registre, de La Poésie sauvera le Monde ou de Lettre à la Femme aimée au sujet de la Mort pour savoir si la beauté peut véritablement être une politique, et ce que ça voudrait dire. Nous pensions deviser esthétique, lui parlait liberté. Nous croyons que cet entretien, réalisé avant la pandémie de ghrume, redonnera à d’autres le courage voire, si nécessaire, l’envie de vivre, comme il le fit pour nous. La poésie pourrait-elle nous rappeler ce que vivre signifie ? Écoutons. Jean-Pierre Siméon © Le Printemps des Poètes La beauté que l’on croit PostAp Mag. Les temps sont un peu compliqués… Est-ce vraiment le moment de lire de la poésie ou même, d’ailleurs, de s’y consacrer ?Jean-Pierre Siméon. Je suis précisément convaincu que la poésie est nécessaire, utile, voire urgente, dans le contexte d’un monde chahuté, tourmenté… Où tout va mal, quoi. Parce que la poésie incarne, manifeste mais permet aussi de partager, de prendre conscience de ce que l’on appelle généralement la beauté ». C’est un terme attrape-tout, je le sais bien. C’est pour cela que j’essaie de dire, dans ce livre, ce que j’entends, moi, par beauté ». La beauté ce n’est pas, à mon sens, la belle forme, l’harmonie, toutes ces représentations héritées de la tradition, que j’estime enfermantes. Pour moi, la beauté, donc ce que la poésie exprime, c’est quelque chose qui est de l’ordre de l’énergie. De l’ordre de se tenir debout, de se dresser, dans une sorte d’appétit du monde et de la réalité. Ce mot recouvrirait donc un certain nombre de qualités humaines, notamment d’ordre éthique c’est l’énergie, c’est le courage. C’est la lucidité, qui est un courage aussi. C’est le mouvement vers. C’est tout le contraire de l’arrêt, du découragement, du ressassement, de la déception, de l’enfermement dans l’abandon de tout. J’appelle beauté » tout ce qui est mouvement vers, en fait. Et c’est ce mouvement qui fonde, pour moi, l’humain. PAM. La beauté est en nous ? Car on a souvent l’idée d’une beauté immanente, lointaine que les artistes, insuffisamment, piteusement, tenteraient de reconstruire… S. Oui, elle est en nous ! C’est une question immense, bien entendu, et je voudrais d’entrée préciser que je ne la pose pas en tant que philosophe, mais bien en tant que poète je raisonne au plus près de ma propre sensation des choses, et rien d’autre. C’est la limite de ma parole, sa subjectivité, que j’assume, car c’est le fait du poète. Pour moi, la beauté se conquiert, se construit. Le mot beauté » n’a de sens que dans une dialectique de combat, d’une lutte quotidienne, individuelle et collective le combat contre la laideur. Et je nomme laideur tout ce qui est forces antagonistes de l’humain », autrement dit tout ce qui est l’allié de la mort. Toutes les violences faites à l’humain par l’humain et toutes les violences faites à l’homme en l’homme, à la femme en la femme, malgré lui, malgré elle. Tous les démentis de la vie. Toutes les agressions faites à la vie, dans la vie même. Parce que, au fond, notre vie est un combat perpétuel contre le gouffre et l’abîme. PAM. Euh… S. Je pense que tout commence par la catastrophe. Je l’ai dit souvent, je l’ai écrit. La catastrophe de notre mort, pour commencer. Dès que l’on a un peu de conscience… Bébés, très tôt nous vient la conscience de la solitude. Là encore, je ne parle pas en psychanalyste. Je dis ce qu’il me semble. Dès qu’il quitte les bras de ses parents, un bébé apprend la solitude. La solitude de l’enfant qui se trouve, soudain, posé loin des bras, loin de la parole et des yeux, lui est terrible. Et cette solitude-là, cette expérience de la séparation, de la perte, de la dépossession, cette connaissance-là, est physique, première, initiale. C’est un aperçu de la mort et donc, on commence par la mort, d’une certaine façon. Aussitôt qu’on nait. Aussitôt qu’on nait, on prend le sentiment de la perte. De la dépossession. De l’abandon. De la solitude. Il me semble que toute notre vie, à la suite, est faite de la conscience de ça, et de l’effort pour dépasser ça. Effort que la vie sans cesse dément, puisqu’elle propose sans cesse des gouffres, des gouffres, des nouveaux gouffres et encore des gouffres, qui n’arrêtent pas de confirmer que oui, si si, on est bel et bien né dans l’abîme. Vitraux de la synagogue de l’hôpital d’Hadassah par Marc Chagall Détail. La vie à plusieurs PAM. Oui, enfin, quand on écoute un peu ce dont se plaint tout le monde, c’est plutôt de payer trop d’impôts. Ou pas les impôts qu’il faudrait, à la S. Bien sûr. Je vais répondre plus directement mais d’abord, je précise que je parlais évidemment d’un point de vue purement psychologique, du destin de la vie de chacun. De nos proches, qui meurent les uns après les autres, jusqu’à ce que ce soit notre tour. On est mutilé sans cesse comme ça. Et la beauté dont je parle, ce construire-humain » donc, c’est ce qui s’inscrit contre ces mutilations. C’est sans cesse réparer la mutilation, d’abord, et la dépasser, ensuite. Car autant on est mutilé, autant on est augmenté en face. Chaque mort, chaque dépossession, chaque perte, chaque oubli qui nous dépossède… À chaque fois on peut se reconstruire dans l’énergie inverse. Seulement, il faut le vouloir. Il faut pour cela un acte de décision. C’est pourquoi, à sa manière, ce titre, Politique de la Beauté, insiste en réalité sur le mot politique » c’est une action concertée et réfléchie. Mais à la faveur de votre question marrante, il y a quelque chose dont je tiens compte, c’est que ce qui nous empêche d’être humains et de nous accomplir dans l’humanité, c’est tout le reste. Tout ce qui est du domaine du concret et du matériel, c’est à dire de la relation sociale par exemple, la relation à l’autre, du moins telle qu’elle est définie par les fonctions, les rôles, les revenus des uns et des autres, et ainsi de suite. Là où sans cesse, on le voit bien, il y a des humiliations, des amputations, qui tiennent tout simplement à l’ordinaire des mécanismes sociaux. Et puis il y a aussi les grandes oppressions, symboliques, des sociétés religieuses, idéologiques et sociales. Oppressions et des mutilations, là encore. Pour le dire autrement, ou le redire il y a plein de strates d’empêchements et nous sommes sans arrêt au combat. Si l’on veut être une conscience libre, qui se dresse, qui possiblement trouve un sens à sa vie, qui est en accord avec la vie, en accord exact avec la vie c’est cela qu’on appelle le bonheur, c’est pour cela qu’il ne saurait être qu’éphémère et transitoire… Eh bien, tout ça, ça ne se donne pas. Ça n’est pas donné, jamais. Ça ne peut se trouver que dans la conquête et dans le combat. PAM. Le combat ? S. Le combat contre ce que j’appelle la laideur. Toutes les laideurs de l’existence. Qu’elles soient métaphysiques, ontologiques, aussi bien que… Disons, que toutes les merdes de l’existence, quoi. Tout ce qui est violence et agressions contre nos désirs, contre notre volonté d’être bien, libre et de vivre simplement.
23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 1905 Jean Pierre Siméon est né à Paris le 6 Mars 1950. Il est l’auteur de cinq romans, de livres pour la jeunesse, de huit pièces de théâtre et de recueils de poésie. Il est l'auteur du livre La nuit respire qui est un recueil poétique. L'image qui illustre la première de couverture est sombre, inquiétante, la couleur bleue est dominante mais il y a aussi u n peu peu de beige. L'image nous aide à comprendre le titre La Nuit respire car le bleu représente la nuit et le beige les nuages, l’air, la respiration. Martine Mellinette est l'illustratrice, elle a utilisé la technique du collage. Dans des poèmes de ce livre nous avons ressenti des émotions et perçu des sensations La couleur Les couleurs de l'invisible » La nuit La nuit respire » Le silence Apprenti du silence » Voici quelques exemples de poèmes de ce recueil Les Couleurs de l’invisible Je vous dirai la couleurdes choses invisiblesla couleur qu'on entendla couleur qu'on respireLa guirlande bleue du violonet la pourpre des guitaresle vert profond du ventdans le soiret l'or fragiled'une caresseJe vous dirai la voix perduedans l'indigo des solitudeset le calme orangéprès des yeux doux qu'on aimeJe vous dirai l'arc-en-cielqui naît en vousde la patience et de l'oublide la défaite du silenceet du geste réconciliécar comme vous j'aime et je visdans l'arc-en-ciel de mes songes. La nuit respire La nuit respire Qui va qui vient Qui rôde et nous regarde Dans les failles de la nuit ? Le vent traque un loup d'ombre Sur les murs Des oiseaux frôleurs Ferment leurs ailes froides Sur la lune La ville s'égare Dans ses futaies de pierre La nuit respire Et nous dormons tranquilles Les yeux dans l'aube Publié par Lucie, Doriane, Mathis et Dylan, 5D - dans S
Un récitde Chloé LandriotPréface de Jean-Pierre SiméonCoédition Décharge et Gros Textes, 48 p., 6 €Paradoxe Chloé Landriot est une jeune femme de 36 ans qui célèbre les temps anciens. Son petit livre s’impose par sa différence dans le champ des parutions actuelles intitulé sobrement Un récit, c’est une genèse du monde, qui renoue avec la fantaisie et le mystère d’un poème est porté par le souffle, le chant rythmé par la longueur des vers et les jeux sur les commence bien dans les noces de l’eau et de la lumière jaillissent la terre, les plantes et les bêtes, et puis les hommes et le verbe. Le poète célèbre alors l’harmonie heureuse et les métamorphoses du vivant. Nous avons été des arbres/Sans effort nos racines/Ont lentement plongé dans le sol/Faites pour épouser la terre. »Mais vient le règne de la rationalité et de ses excès le langage devient instrument de classification. Le monde n’est plus qu’un catalogue » à la merci de l’homme, qui le découpe jusqu’à le tuer. Le texte est alors interrompu par le dessin d’une vague déchaînée, de l’artiste An Sé. Puis ce monde mort, et bien mort, renaît de nouveau à la lumière. Chloé Landriot explique J’ai peur. J’ai peur pour la planète, pour la Terre, pour mes deux jeunes enfants. Mais c’est parce que je crois à la destruction probable du monde que je m’efforce d’être heureuse. Et la poésie révèle l’intensité de mon sentiment d’être en vie. » La revue Décharge, qui, depuis sa création en 1981, a publié plus de 1 500 poètes d’aujourd’hui, invite les nouveaux talents à publier des recueils chez un éditeur partenaire, Gros livrets fabriqués artisanalement sont vendus à un prix modique.
" Seules des mains vraies écrivent de vrais poèmes. Je ne vois pas de différence de principe entre une poignée de main et un poème ". Paul Celan,... Lire la suite 13,00 € Neuf Expédié sous 3 à 6 jours Livré chez vous entre le 1 septembre et le 6 septembre " Seules des mains vraies écrivent de vrais poèmes. Je ne vois pas de différence de principe entre une poignée de main et un poème ". Paul Celan, lettre à Hans Bender. Cette formule de Paul Celan, que Jean-Pierre Siméon aime citer, caractérise aussi bien sa posture d'écrivain que son rapport au monde. Poète de la fraternité et de la main tendue, il l'est assurément. Ses recueils, autant que ses romans ou ses textes dramatiques, révèlent un auteur qui fait de la littérature le lieu de toutes les rencontres, de tous les partages, de toutes les expériences de vie. Une fraternité qui est également au coeur de sa démarche d'homme, celle d'un optimiste tragique qui fait du rapport humain un rempart contre l'angoisse de vivre - et de mourir. Date de parution 01/10/2008 Editeur ISBN 978-2-84562-138-1 EAN 9782845621381 Présentation Broché Nb. de pages 144 pages Poids Kg Dimensions 14,0 cm × 20,0 cm × 1,0 cm
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